mardi 6 mars 2012

UNE QUARANTAINE DE PARTIS PARTICIPERONT AUX LÉGISLATIVES: Le choix difficile des électeurs

Faut-il imposer des chiffres, des photos ou des sigles sur les bulletins de vote pour aider l'électeur à se retrouver devant une kyrielle de candidats?

Une quarantaine de partis prendraient part aux élections du 10 mai prochain avec le risque que ce foisonnement puisse constituer un vrai casse-tête pour les électeurs. Car comment peuvent-ils opérer un choix éclairé le jour J devant une kyrielle de bulletins de vote? Le problème sera d'autant plus aigu pour des milliers de gens qui ne savent pas lire. 

Du coup, quelques idées sont avancées pour faciliter l'opération aux citoyens. Il y a d'abord tous ceux qui soumettent l'idée d'apposer la photo des chefs de parti sur les bulletins de vote. Avec cet écueil qu'il n'est pas du tout évident que ces visages soient connus des électeurs. Il y a ensuite ceux qui pensent que l'attribution de sigles à chaque liste pourrait contribuer à atténuer cette difficulté. 

Des numéros peuvent tout aussi bien être attribués à chaque liste. Les slogans seront alors faciles à inventer. Pour choisir un tel parti, votez 1, un autre, votez 2. certains de ces procédés ont déjà été mis à l'épreuve lors de précédents scrutins qu'a connus l'Algérie depuis le début des années 1990 au lendemain des événements d'Octobre 1988. 

Au-delà de toutes ces considérations, il y a quand même des raisons pour certains citoyens de se poser la question de savoir pourquoi il existe un tel engouement à présenter des listes aux prochaines élections au nom des partis sans oublier les candidats indépendants. Selon l'avis de certains politologues, de nombreuses raisons président à cette option.

Il y a d'abord l'opportunité d'intégrer un nombre plus important de jeunes et de femmes au sein des institutions comme le pouvoir législatif à cause de leur faible représentation qui est constatée à l'heure actuelle. Cela a un autre avantage qui n'est transmis que par un message subliminal. 

Il s'agit de faire admettre à l'opinion publique qu'il y a une réelle volonté d'instaurer une dynamique politique. C'est le ministère de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui a ouvert le robinet pour l'agrément de nouveaux partis à la suite de l'annonce de réformes politiques par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de son discours du 15 avril de l'année dernière. 

Bien sûr, le ministre assure que ce train de mesures, qui englobe l'agrément de nouveaux partis, n'est, en aucun cas, lié à un quelconque rendez-vous électoral. On ajoute même que cette sorte de manoeuvres était déjà prévue depuis fort longtemps. Une vingtaine de partis vont obtenir leur agrément dans les prochains jours car ils ont tous déposé des demandes dans ce sens auprès du ministère de l'Intérieur. 

C'est ce qui est susceptible de créer un appel d'air pour de nombreuses personnes afin de briguer un mandat électoral. Y va-t-on dans l'intérêt du pays ou pour des considérations pécuniaires? C'est une autre question que se pose l'homme de la rue. En plus de ces suspicions des citoyens, d'autres vulnérabilités guettent le scrutin. Il y a fort à parier que l'électorat sera éparpillé. Chaque liste n'obtiendrait alors qu'un faible taux de voix des participants au scrutin. Et si cette soudaine fièvre partisane visait justement à affaiblir davantage une scène politique déjà à un état avancé d'émiettement et victime de divisions et de querelles? A qui profitera ce manque de cohésion? Aux partis traditionnels, assurément. 

A ce moment, le citoyen pourra dire adieu au voeu de renouvellement de la classe politique. Ce procédé ne permettra guère à l'ascenseur social de fonctionner. On voit bien que le fait que le nombre de partis soit élevé ne résout en rien la question de la démocratie. D'un autre côté, il n'est pas facile d'accorder du crédit aux intentions du pouvoir s'il continuait à fermer le jeu. Toutes ces contraintes sont évidemment assimilées par les chefs de parti. 

Certains devant même faire face à des difficultés supplémentaires ce qui ne manquera pas d'influer sur le choix de l'électeur. Le cas du FLN est éloquent à cet égard. Deux listes risquent de se retrouver côte à côte avec le même sigle le jour du vote. 

Redresseurs et partisans de Belkhadem ne sont pas loin de proposer des candidats pour défendre les couleurs de chaque camp. Il faudrait attendre le début de la campagne électorale pour que les candidats puissent se montrer à la télévision lorsqu'ils seront appelés à promouvoir leurs programmes afin que l'électeur puisse être éclairé sur l'identité de ceux qui sont en course pour le mandat de député. Un travail de proximité s'impose également dans les villes et villages, c'est-à-dire au plus près de ceux qu'on cherche à séduire pour gagner leurs voix.


Par Ahmed MESBAH

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